Comme une "légère" envie de se détruire...

AngeAlpha&Cie...

Histoire d'une névrosée

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Je me sens mal. J'ai envie d'avaler mon stock d'AD pour claquer.
Je me suis doucement enfoncee 3 fois une aiguille dans le bras, priant pour voir perler une goutte de sang, en vain.
Je me haie, je suis nulle, je dois claquer. Pour moi. Je n'en peux plus. J'ai juste envie de me faire souffrir pe martyr. Je le mérite puisque je ne sers à rien.
J'ai juste envie de cesser de bouffer pour me laisser creuver à petit feu, tout en douleurs, lancinantes, sourdes et muettes, dans la nuit.
Il y a certes peut être des gens qui tiennent à moi (je me demanderai bien pour quelles raisons..), mais je suis fatiguée de les ennuyer à chaque fois qu'ils me demandent comment je vais..:
-"Tu vas bien/mieux/comment ?"
-"Ça va ! :) "
-"Et sans mentir ?"
-"..."
Fatiguée de devoir sourrir sans conviction.

Au début, je croyais qu'on était "plusieurs" dans ma tête. Comme dises les médecins, à la manière d'un "petit démon qui te ronge de l'interrieur". Peut être. Peut être pas. Peut être que je suis juste folle à lier. Un cas désespéré parmi d'autres. Borderline. Psychotique. Nevrosée, anorexique. Pour le moment, ces deux derniers termes suffisent à me qualifier.

Oui, mais au fond, c'est quoi être anorexique ? Juste arrêter de bouffer pour faire chier son entourrage qui nous hurle de manger ? Et anorexique-boulimique ? Ah, ça c'est arrêté de bouffer, mais se gaver par moment, pour tout vomir ensuite. Menant à la ruine notre oesophage, notre estomac, notre porte monnaie et nos placards. Voilà. Ça c'est les grandes lignes. Celles que tout le monde connait. Les clichés en quelques sortes.

Et puis, il y a, ce que les autres ne verront et comprendront jamais. À commencer par les yeux pleins de larmes, fixant désespérément le chiffre de la balance le matin (où à tout moment de la journée où on a cédé à la nécessité de se peser).
Et puis, il y a, pour ma part, la succession de tous ces rituels, appelés du nom humiliants de TOCs.
Rituels culminants au moment du petit déjeuner. D'anorexique restrictive ne mangeant que le soir un plat léger, l'élite de la médecine par transformée en anorexique compulsive TOCquée. Beau progrès ! Félicitations mesdames et messieurs les médecins !
Le grand verre d'eau froide, juste après la pesée, dites "officielle", à jeûne, après les WC. Ensuite, on sort tous les ustensiles dont on aura besoin :
- couteau
- epluche patate
- 2 bols de couleurs opposées
- 1 bol pour le thé
- 1 cuillère spéciale à café et non pas à dessert
- 1 planche à découper.

On verse le yaourt dans un des bols (toujours le même). Ensuite on pêle une moitié de pomme, et on la coupe en morceaux. On met l'autre partie dans une boite dans le frigo. On place les morceaux dans l'autre bol. On met un sachet de thé, on verse de l'eau. On apporte ces deux derniers bols à table, ensemble. Puis, on versé 1 cm de mueslis par dessus le yaourt. On l'apporte à table avec un essuie tout.
On commence par manger doucement le muesli, puis la pomme, et enfin le thé. On débarrasse et on nettoie la cuisine, en realignant ce qui n'est plus aligné. 
Le matin, on pense au repas de midi. Si on mange seule, c moins stressant et compliqué. Soit on jeûne, soit on mange léger. Un truc qui passe moralement sans trop de soucis. Après on refuse les sorties proposées par les quelques rares amis qu ils nous restent : on recherche la solitude, dieu seul sait pourquoi.

Le sport, les calories, les vomissements.

Et puis, une fraction de seconde, l'idée de manger traverse l'esprit, vide et à la fois plein de troubles, de vagues qui semblent insurmontables. "Ok juste un petit truc". La première bouchée te prend au piège. Tu as honte. Mais tu mange. C'est vital, sinon tu vas mourir. Te remplir à ras bord. Tu bois bcp aussi. Et sans comprendre, tu te reveille, allongée dans tes toilettes, les mains pleines de vomis, de la morve sur le visage, du sang dans ta bouche, des larmes sur tes joues. Tu te relève, tu tremble. Tu as froid, tu as mal partout. Tu saigne. Tu t'étais encore evnouie en essayant de te purger de ta dernière orgie, pour tenter d'avoir au moins un allié : ton poids qui diminue.

Ce n'est plus la faim qui te guide. Tu ne tiens debout que par le miracle de tes nerfs. Tu ne dors pas. Tu pense, tu reves, tu angoisse, tu cauchemardes, mais tu ne dors pas. Tu te reveille, suant et aussi fatiguée qu'après un Marathon. 

Les cachets qu'on te demandent de prendre ne font apparement rien.

Les crises d'angoisses sont de plus en plus fréquentes et violentes.

Les accès de rages et de volonté de souffrir se font plus réguliers et intenses.

Avaler 4 litres d'eau d'affilée pour le plaisir de les vomir.
Essayer les aiguilles et les cutters un peu partout, trop près des veines et artères peut etre.
Courir jusqu'à s'evnouir de douleur.
Jeuner jusqu'à la mort par denutrition.
Claquer, je veux juste claquer. Pour arrêter de sentir mes larmes. Pour arrêter de souffrir alors que je n'ai pas le droit. Claquer pour arrêter de vivre. Claquer parce que je ne mérite rien d'autre. Je suis lâche ? Tant pis.

N'ayez crainte, je ne mettrais pas fin à mes jours. Pas maintenant. Ce n'est pas l'envie, mais les moyens et le courage qui manquent.
Attendons un peu. Peut etre que l'orage finira par passer. J'en doute. Une tempête de 5 ans, ça commence à faire long, tout de même.

Histoire d'anorexique